Lire et écrire à Babylone de Dominique Charpin
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- 23 mai 2024
- 2 min de lecture

Je vous parle aujourd'hui d'une étude très intéressante intitulée "Lire et Ecrire à Babylone" publiée par les Editions PUF et écrite par Dominique Charpin, assyriologue et titulaire de la chaire "Civilisation babylonienne" au Collège de France.
Comme le rappelle la quatrième de couverture, l'écriture est née en Mésopotamie il y a plus de 5000 ans. La civilisation mésopotamienne nous a livré de très nombreuses traces de cette écriture, sous forme de tablettes d'argile, couverte de signes cunéiformes. Le travail de l'historien, de l'archéologue, de l'assyriologue, est de récolter et collationner ces milliers de fragments, tenter de lire cette écriture et d'en utiliser ensuite le témoignage qu'elles nous laissent.
Le professeur Charpin nous présente ici une synthèse de nos connaissances sur l'écriture babylonienne, essentiellement au IIe millénaire avant JC. Nous découvrons que la lecture et l'écriture ne sont pas réservées qu'à quelques scribes, mais que les sources attestent qu'elles sont aussi pratiquées par les gouvernants et leur famille, des "fonctionnaires", des commerçants, prêtres, devins... Il existe de nombreuses traces de tablettes "scolaires".
L'écriture a tout d'abord été comptable et pratique, avant que de s'étendre aux lettres privées et diplomatiques, à la correspondance royale, et à de très nombreux actes juridiques, ancêtres de nos actes notariés (consignation des ventes, adoptions, prêts...). Les écrits se formalisent de plus en plus et comportent même des "enveloppes", couche d'argile qui recouvre la tablette et consigne, par exemple, le destinataire d'un courrier. Les écrits permettent aussi de s'adresser aux Dieux, pour le faire des demandes ou les remercier. Si la plupart des tablettes ont été trouvées dans des contextes variés, ce que nous qualifions de "bibliothèques" comme celle d'Assurbanipal, nous livrent plus facilement des archives ou textes dédiés à la divination que des œuvres littéraires. C'est bien pourtant ces dernières qui nous font encore rêver, telle l'Epopée de Gilgamesh.
C’est donc dans un voyage au cœur de notre passion, l’écrit, que nous conduit l’auteur. Ses qualités pédagogiques ainsi que les très nombreux exemples de traduction de tablettes, rendent la lecture de cet essai particulièrement vivante. Dominique Charpin le dit lui-même en introduction, il aime à travailler sur une période où la matière permet de nous représenter le quotidien.
Et quel délice de nous plonger dans les correspondances du IIe millénaire avant de notre ère ! De découvrir que la coutume était de donner un petit « bakchich » au secrétaire du souverain pour accompagner la transmission d’une tablette, telle ces « litres de pain d’épices » qu’évoque un courrier ! Le quotidien, finalement, ne change que si peu.
Nous voilà parvenus au terme de cette chronique. J’espère qu’elle vous donnera envie de vous plonger dans la lecture de cet ouvrage. Pour ma part, j’ai déjà quelques autres lectures en attente pour l’assyriologie, et, en parallèle, je me régale à écouter, sur YouTube, les archives des conférences du professeur Charpin données au Collège de France
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