L'aube des Étrusques de Bernard Sergent
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- il y a 5 jours
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Je vous propose aujourd'hui un voyage dans le passé avec "L'Aube des Étrusques" de Bernard Sergent, publié par les Éditions Les Belles Lettres.
L'ouvrage s'inscrit dans la controverse sur l'origine du peuple étrusque. D'un côté, les tenants d'une origine autochtone, théorie selon laquelle les Étrusques descendraient des Villanoviens et n'auraient fait qu'évoluer sur un même territoire. C'est ce que l'auteur appelle la théorie "fixiste", devenue, au fil des années, largement majoritaire. De l'autre, les historiens considérant que les ancêtres des Étrusques, répondant au nom de Tyrsènes, Tyrrhénes ou Thyrrhèniens, seraient arrivés en Toscane plus tardivement, et ne se confondraient pas avec les Villanoviens.
Bernard Sergent, par une étude approfondie, cherche à démontrer la faiblesse argumentative du courant fixiste. S'attachant à réunir un maximum de données linguistiques, mythologiques, culturelles (coutumes, traditions...), et utilisant les écrits des auteurs grecs et romains, il élabore une hypothèse passionnante et particulièrement bien démontrée.
L'origine des Tyrsènes serait à placer dans le Caucase oriental, ce qui expliquerait que la langue Étrusque ne repose pas uniquement sur des racines indo-européennes. Ce peuple se serait progressivement déplacé vers l'Ouest, gagnant l'Anatolie, et rentrant, au fil de sa route, en contact avec les cultures mésopotamiennes, intégrant alors aux leurs des traditions et pratiques culturelles.
Devenant un peuple maritime, les Tyrsènes s'installent en Mer Égée, notamment sur l'île de Lemnos, et se retrouvent dans la liste des "Peuples de la Mer" qui attaquent l'Égypte. Ils se nourrissent aussi de la culture crétoise, après s'être établi en Crête
Peuple guerrier, renommé pour la qualité de ses armes, dont le besoin en métaux le conduit sur le territoire qui deviendra l'Étrurie, où il s'impose en partie par la force.
La culture étrusque, fascinante car enrichie des apports gagnés au fil de sa longue pérégrination, a servi de terreau à la civilisation romaine.
L’auteur nous offre ici un ouvrage dense, riche en comparaisons, et rendu vivant par les nombreuses anecdotes culturelles.
Avançant prudemment, pas à pas, il rentre en opposition avec la méthode fixiste qui, selon lui, ne peut se maintenir qu’en écartant les nombreux faits, archéologiques, culturels ou linguistiques, qui ne pourraient que l’invalider. Il déplore, régulièrement, l’a priori de fixité, qui biaise tout autre analyse.
J’ai savouré cet essai ô combien argumenté, qui ne pourra que contribuer à relancer le débat sur l’origine des Étrusques.
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